كتبهابلال عبد الهادي ، في 31 تشرين الأول 2011 الساعة: 10:10 ص
Par Marie-Patricia Perdereau-Bilski
Les nouveaux programmes sur Le Langage à l’École
Maternelle (avril 2006) mettent l’accent sur « la nécessité d’inscrire les
jeunes apprenants dans une démarche de communication, d’interactions complexes
qui vont construire des compétences plurielles, langagières mais sociales et
culturelles ».
Si les didacticiens se focalisent sur les fonctions du langage, ils soulignent aussi les variations de cette langue qui loin d’être un objet figé est la résultante d’ « une construction humaine qui évolue dans le temps et s’enrichit de croisements et d’emprunts ».
Si les didacticiens se focalisent sur les fonctions du langage, ils soulignent aussi les variations de cette langue qui loin d’être un objet figé est la résultante d’ « une construction humaine qui évolue dans le temps et s’enrichit de croisements et d’emprunts ».
Les « normes » différences
Si l’école maternelle est la base des apprentissages
premiers, elle les intègre fréquemment dans une approche spiralaire qui postule
que tout est lié dans tout !
Une classe de 27 petits-moyens-grands travaille sur un projet annuel d’éducation à l’altérité par les langues-cultures : « Ici, Là-Bas, Ailleurs ». Ils manipulent des documents authentiques issus ou non de la biographie langagière francophone et multilingue des élèves. Ils travaillent régulièrement avec intervenants natifs.
Une classe de 27 petits-moyens-grands travaille sur un projet annuel d’éducation à l’altérité par les langues-cultures : « Ici, Là-Bas, Ailleurs ». Ils manipulent des documents authentiques issus ou non de la biographie langagière francophone et multilingue des élèves. Ils travaillent régulièrement avec intervenants natifs.
Dans cette démarche curriculum, nous relaterons ici le
projet sur les Ecritures qui aboutit à la « conscientisation » de son identité
par la parole orale et écrite.
En amont, les élèves ont appréhendé l’écrit par les empreintes et traces laissées par leur corps : source première d’expression. Ils sont toujours fascinés par la trace qu’ils laissent sur les matières et notamment sur le papier. Traces motrices, cognitives, empreintes individuelles, uniques car identitaires fixées souvent par les arts visuels. Elles sollicitent de facto une discrimination fine des différences et des points communs par le jeu des comparaisons, superpositions, négociations de sens.
En amont, les élèves ont appréhendé l’écrit par les empreintes et traces laissées par leur corps : source première d’expression. Ils sont toujours fascinés par la trace qu’ils laissent sur les matières et notamment sur le papier. Traces motrices, cognitives, empreintes individuelles, uniques car identitaires fixées souvent par les arts visuels. Elles sollicitent de facto une discrimination fine des différences et des points communs par le jeu des comparaisons, superpositions, négociations de sens.
Deux collégiennes chinoises issues des classes de
français langue seconde d’un collège de la ville sont intervenues en mandarin et
en français. Ces jeunes filles se sont donné le droit de parler d’elles-mêmes,
de leur pays, de leur famille, de leur culture malgré la douleur de leur exil.
Elles ont constaté que ces jeunes enfants étaient attentifs à leur discours,
acceptaient volontiers de travailler avec elles en les écoutant parler chinois,
sans demander la traduction systématique.
Certes, n’ayant pas encore de représentations affichées de « l’étranger » ces élèves ont complètement adhérés au projet. Peindre des idéogrammes, en découvrir le sens, être capable de les reproduire en respectant les normes, leur a permis, tout âge confondu, d’acquérir une maîtrise du geste, la satisfaction de relever un défi et d’en être fier.
Certes, n’ayant pas encore de représentations affichées de « l’étranger » ces élèves ont complètement adhérés au projet. Peindre des idéogrammes, en découvrir le sens, être capable de les reproduire en respectant les normes, leur a permis, tout âge confondu, d’acquérir une maîtrise du geste, la satisfaction de relever un défi et d’en être fier.
Quand les écritures ont du caractère…
L’écriture chinoise fascine les enfants : beauté du
geste, maintien du pinceau, traces majestueuses sur le papier, symbolique des
traits. La plasticité du cerveau, la mobilisation de tous les sens impriment des
représentations mentales qui peu à peu se transformeront en concepts
d’apprentissage.
Exemples de processus cognitifs d’enfants relatifs au
tracé de l’idéogramme de l’arbre :
La représentation mentale initiale de l’idéogramme :
« je vois un bonhomme avec des bras » l’analyse du dessin : « il y a des traits qui se
croisent… » la motricité fine :
« je tiens mon pinceau droit… » le repérage dans l’espace : « je trace d’abord le
trait « allongé », puis au milieu je fais un long trait « couché »… »
la discrimination fine, visuelle,
kinesthésique : « quand j’ai fini les deux traits horizontaux et verticaux,
je trace deux traits qui tournent… » la représentation mentale finale : « si c’est pas un
bonhomme, c’est peut-être un arbre, on voit les branches, le tronc et les
racines… » la pensée convergente :
« pour dessiner la forêt, on pourrait dessiner plusieurs
arbres… »
Nous mesurons l’amplitude d’un tel travail : découverte
d’un autre monde de symboles, d’évocations, de significations, de constructions
de compétences motrices, métacognitives, pluriculturelles inhérentes à cette
« proximité de la distance » (D. Moore) et à cette « zone proximale de
développement » (L.S Vygostki). S’ancrer dans ce qui est connu, ce qui rassure,
ce qui structure sa pensée et donc son identité, c’est-à-dire le quotidien, le
présent pour aller vers un Ailleurs, différent, quoique… Cette démarche implique
une négociation entre pairs, entre adultes médiateurs, une disposition à
l’investigation, par et pour la mise en synergie des acquis passés, présents et
futurs.
« La démarche de l’enseignant, ce n’est pas de savoir ce qu’il va dire à ses élèves, mais plutôt de ce qu’il va leur proposer de faire » (P. Meirieu).
« La démarche de l’enseignant, ce n’est pas de savoir ce qu’il va dire à ses élèves, mais plutôt de ce qu’il va leur proposer de faire » (P. Meirieu).
L’écrit pour ces enfants est avant tout un objet visuel,
des dessins, des formes qui s’enchevêtrent, qui doivent s’écrire dans un sens
déterminé pour une communication effective. Y accéder c’est conquérir son
identité d’enfant qui construit des relations de causalité entre les choses, qui
en accepte les contraintes pour mieux avancer dans ses processus
d’apprentissage.
Enrichir les différentes sources d’écrit, c’est opter pour des situations d’apprentissage diversifiées qui mixées les unes aux autres, vont construire cette spirale de l’apprentissage énoncée notamment par les neurosciences (H. Trocmé-Fabre).
Le terme générique de langues-cultures symbolise deux concepts accolés et indissociables. L’interaction avec des natifs étaye bien le devoir de l’école d’apprendre aux enfants à penser la diversité (J. Bruner). Cette diversité s’impose au niveau des aptitudes : compétences plurielles à construire par des acquisitions contextualisées, transférables et au niveau des attitudes : comportements, savoir-être pour comprendre, réagir, interagir sur les faits avec toute sa personnalité (ce sont les intelligences multiples de H. Gardner).
Enrichir les différentes sources d’écrit, c’est opter pour des situations d’apprentissage diversifiées qui mixées les unes aux autres, vont construire cette spirale de l’apprentissage énoncée notamment par les neurosciences (H. Trocmé-Fabre).
Le terme générique de langues-cultures symbolise deux concepts accolés et indissociables. L’interaction avec des natifs étaye bien le devoir de l’école d’apprendre aux enfants à penser la diversité (J. Bruner). Cette diversité s’impose au niveau des aptitudes : compétences plurielles à construire par des acquisitions contextualisées, transférables et au niveau des attitudes : comportements, savoir-être pour comprendre, réagir, interagir sur les faits avec toute sa personnalité (ce sont les intelligences multiples de H. Gardner).
Des jeux d’écriture à l’écriture du JE
Dans ce module d’écriture chinoise, le jeune apprenant
est confronté à la double situation-problème entre le signifiant et le signifié.
Tout d’abord la problématisation graphique, qui consiste à reconnaître un objet
à travers un idéogramme, pour en déceler le sens. Puis la problématisation
sémiologique, qui consiste à imaginer les relations entre les idéogrammes pour
accéder à une idée signifiante. De cette dernière question naît un
questionnement plus large sur la construction du langage comme moyen de
communication et de compréhension.
Par cette approche des écritures, l’enfant prend
conscience de l’importance de son écriture, en l’occurrence de son prénom et nom
mais aussi du caractère arbitraire mais incontournable de ce qu’il doit
apprendre. En traçant des idéogrammes il conceptualise le sens de l’écriture et
la graphie des signes pour accéder à la multiplicité du sens, à une
compréhension contextualisée qui deviendra commune à tous.
C’est ainsi que ces enfants ont travaillé aussi sur la mise en parallèle de journaux chinois et européens. Ces documents de communication ont été largement analysés pour que ces apprenants en déduisent les structures générales ( typographie, formes des articles…) et en déduisent des régularités (gros titres, date, publicités, encarts météo…)
C’est ainsi que ces enfants ont travaillé aussi sur la mise en parallèle de journaux chinois et européens. Ces documents de communication ont été largement analysés pour que ces apprenants en déduisent les structures générales ( typographie, formes des articles…) et en déduisent des régularités (gros titres, date, publicités, encarts météo…)
Cette démarche didactique nous incite à élargir le débat
vers l’acte social de l’écriture à savoir le choix déterminé et unique d’un
style de communication, connu, reconnu, accepté et intégré par tous pour
signifier les choses , les idées et par extension les valeurs d’une
société.
On a tous quelque chose d’Ailleurs…
Puisque l’école maternelle a pour mission de poser les
bases des apprentissages premiers, elle favorise par là-même la première
construction du jeune apprenant, autonome, responsable, citoyen d’Ici et
d’Ailleurs.
Puisque le cycle 1 doit donner à ces jeunes apprenants
tous les outils et connaissances nécessaires à la construction de sa
personnalité, il semble pertinent de l’ancrer dans une démarche d’Éducation
Comparée. Comparer les écritures en est un exemple mais le projet décrit
ci-dessus aborde aussi bien la comparaison des fêtes culturelles, que les contes
traditionnels par l’étude des premières de couverture, que le repérage des
vocables plurilingues sur des emballages alimentaires, que la déclinaison des
jours de la semaine selon les langues romanes, germaniques ou
slaves…..
Puisqu’enfin, l’école maternelle accueillera de plus en
plus d’enfants de migrants, elle se doit d’éduquer dans un contexte ethnique et
éthique. Plusieurs langues retentissent en classe même si l’on n’est d’accord
sur le statut de la langue française comme langue commune à tous. Cependant
étudier le « divers » au quotidien, va enrichir les processus cognitifs pour
accéder à une diversité multisensorielle. En effet apprendre des sons différents
en écoutant des langues, les vivre avec des natifs, goûter à des saveurs
nouvelles, aiguiser son sens esthétique par le travail sur des matériaux
culturels, réagir à des musiques, c’est préparer l’enfant à la pluralité
citoyenne.(M. Vandenbroeck)
Cette rencontre avec l’Autre, propulse l’école en tant
qu’Institution, à insérer les apprentissages dans ce défi ethnique (F.
Lorcerie), témoin d’une tension permanente et instable entre singulier et
universalité. (L.Porcher, M.Abdallah-Pretceille)
Marie-Patricia Perdereau-Bilski, Professeur des Ecoles-Maitre Formateur - IUFM
Normandie, site d’Evreux (27). Chargée de cours, FLE-FLS, Université de Lille
III.
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