17-February-2013
Le six 六 (liù) est certainement l'un des chiffres les plus
importants de la culture chinoise. Dans la tradition confucianiste, le six fait
référence aux relations familiales 六亲 (liùqīn) :
père-fils, frère aîné-frère cadet, mari-femme. Ce terme s'utilise aujourd'hui
de façon générale, signifiant
les membres d'une famille. On le retrouve dans les expressions 六亲不认 (liùqīn bùrèn) (renier, être ingrat envers
sa famille) ou 六亲无靠 (liùqīn wúkào) (être sans famille).
Le six est également l'un des chiffres «
porte-bonheur » des Chinois, associé à la réussite, au succès. Les couples
choisissent souvent de se marier le 6 juin (6/6). À l'inverse de notre culture,
où le six répété trois fois forme un nombre maléfique, les Chinois recherchent
des plaques d'immatriculation ou des numéros de téléphone contenant deux ou
trois six.
Le sept 七 (qī), dont
la graphie fait penser à notre chiffre arabe retourné, est plus neutre. Il est
très souvent employé avec le huit pour former des expressions signifiant « le
désordre ». Ainsi, on pourra dire pour une maison mal rangée qu'elle est 乱七八糟 (luànqībāzāo) ; suite à une grosse frayeur
ou lorsque l'on craint d'avoir mal fait quelque chose, on pourra décrire ce
sentiment avec 七上八下 (qīshàng bāxià), littéralement « sept
dessus et huit dessous », comparable à l'expression française « être sans dessus dessous
».
Le sept est par ailleurs empreint de
philosophie bouddhiste, puisqu'il est utilisé pour désigner les sept sentiments
七情 (qīqíng), que sont la joie, la colère, la
tristesse, la peur, l'amour, la haine, la possession, sentiments qui seraient une entrave
à « l'éveil ».
Le huit 八 (bā),
étonnamment, revient à une graphie plus minimaliste avec seulement deux traits,
qui semblent ne se rejoindre qu'à l'infini. Il fait partie des chiffres les
plus appréciés
en Chine. Sa prononciation étant en effet similaire au caractère « faire
fortune », il est très prisé pour les dates de mariage et d'inauguration. La
plupart des magasins réouvrent ainsi le huitième jour 初八 (chūbā) de la nouvelle année.
Le yin et le yang, l'un des symboles de la
culture chinoise, sont entourés de diagrammes, dessinant ainsi « la carte des
huit diagrammes », 八卦图 (bāguà tú). Il est intéressant de noter
que cette expression des « huits diagrammes », 八卦, a pris aujourd'hui le sens de « nouvelles people ».
Nous arrivons au neuf 九 (jiǔ), dont la graphie ressemble
étrangement à celle de son homophone 久
(longtemps). Cette particularité est souvent soulignée pour faire un
rapprochement entre le chiffre neuf et l'éternité.
La Chine mythique était ainsi surnommée 九州 (jiǔzhōu), les « neuf provinces ». Celui
qui détenait les neuf vasques rituels 九鼎 (jiǔdǐng),
fondus par le roi Zhou, en devenait le souverain légitime.
Le neuf, chiffre le plus grand, est
forcément le chiffre impérial par excellence. Il existait ainsi plusieurs murs
représentant neuf dragons en Chine 九龙壁
(jiǔlóngbì), dont les plus connus se trouvent au parc Beihai et dans la Cité
interdite. Seul l'empereur était autorisé à posséder ce genre de sculpture et à
utiliser le neuf. Pour
information, la Cité interdite compte 9999 pièces.
Le dix, représenté par une croix 十 (shí), est un chiffre très « visuel ».
Pour l'indiquer avec les doigts, les Chinois croisent les index de chacune de
leur main. De plus, on utilise ce même caractère pour désigner la croix chrétienne十字架 (shízìjià) ou un carrefour 十字路口 (shízìlùkǒu).
À la croisée entre les chiffres et les
nombres, le dix connote une certaine perfection. Les adverbes 十全十美 (shíquán shíměi) « dix complet dix parfait
» ou 十分 (shífēn) « dix points » expriment l'abondance ou la
perfection. Le dix peut également être utilisé en association avec le neuf pour
former une expression manifestant sa conviction ou sa confiance envers quelque
chose : 十拿九稳 (shínájiǔwěn).
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