كتبهابلال عبد الهادي ، في 3 نيسان 2011 الساعة: 09:31 ص
Répétitions, surréalisme,
franglais… Les noms de baptême des groupes pop-rock sont devenus un inventaire
de bizarreries en tout genre.
Qu’on se l’accorde, ce qui
fait la renommée d’un groupe (outre son supposé talent), c’est aussi son image,
laquelle est notamment véhiculée par un nom de scène. Des années 60 jusqu’à la
fin des années 90, il n’y avait guère de place pour les pseudos de fillette
parmi la scène rock anglo-saxonne et hexagonale. Anarchie, révolution et rock
attitude étaient les seuls credos.
Il convenait d’insuffler une
image de trublions et d’adopter un nom de scène faussement rebelle à l’exemple
des Blousons Noirs ou de Black Rebel Motorcycle Club, percutant et incisif comme
The Clash, gentiment provocateur —pensez Suicide, Sex Pistols et plus tard The
Libertines—, ou encore à charge symbolique (Nirvana en tête). En somme, quelque
chose de fort, capable d’être explicité en interview pour avoir l’air
intelligent et manifester une aura d’artiste génial. Mais est-ce bien le cas de
la nouvelle génération rock indé?
Au début des années 2000, on
a vu arriver la tendance répétition à tout va avec Birdy Nam Nam, Gang Gang
Dance, Hey Hey My My, Pony Pony Run Run, The Ting Tings et consorts. Depuis, on
est entré dans l’ère de l’auto-dérision et de la culture LOL: plus c’est ringard
et kitsch, mieux c’est! A l’exemple d’une musique qui se mâtine de sonorités
typées 60s et 70s, les noms de groupes se veulent surannés, propulsant toute une
imagerie absurde et bon enfant. D’où une nouvelle vague de noms complètement WTF
qu’on imagine basés sur le principe du cadavre exquis ou relevant du simple
fruit du hasard.
Pensez ce que vous êtes, à
ce que vous portez, misez à fond sur le syndrome de Gilles de la Tourette et
vous obtiendrez un nom d’artiste complètement tiré par les Cheveu. Vous avez
suivi? Exploration en quatre actes.
Le pseudo
ingooglisable
Du bon usage de la figure
de substitution
Ils enthousiasment la
critique musicale pour avoir livré un premier essai prometteur ou un deuxième
album confirmant leur réputation, mais ils sont surtout la cible favorite des
journalistes amateurs de gros titres aux jeux de mots tarabiscotés. Le point
commun entre Cheveu, Tennis et The Shoes, si ce n’est une recherche avancée
compliquée pour tomber sur leur MySpace? Maîtriser à la perfection l’art de la
substitution.
Quand les uns se réifient,
se prenant tour à tour pour une paire de chaussures ou un sport, les autres
préfèrent la synecdoque et se
réduisent à un simple poil crânien. Ainsi Cheveu, trio parisien de lo-fi
symphonique, comme il aime à définir sa musique, aurait-il opté pour ce nom en
opposition au star-system. Un choix louable mais qui tombe un peu comme un
cheveu sur la soupe.
Concurrent direct au groupe
Housse de Racket, Tennis semble lui avoir une passion immodérée pour les
activités sportives, à en croire l’un des extraits de son premier album (Cape
Dory), intitulé Marathon. Sinon, aucune logique apparente entre leur
twee-pop et un quelconque jeu de raquette. Et ce n’est pas avec le tandem
français The Shoes qu’on trouvera meilleure explication.
Guillaume et Benjamin
sont-ils de fins collectionneurs de chaussures et les équivalents masculins de
Carrie Bradshaw? Rien n’est moins sûr. En 2008, après avoir posté quelques
morceaux sur le net, ils se font repérer, et très vite il leur faut un visuel et
un nom de groupe pour se lancer: le duo prend spontanément ses baskets en photo,
sans savoir qu’avec un pseudo pareil il marcherait vers la gloire.
Le principe de la
définition
Décris-toi et je te dirai
qui tu es… ou pas
Bienvenue dans le délire
complet, tant les noms de groupes à venir pratiquent tous avec maestria l’art du
surréalisme. Le duo electro-rock I Am Un Chien puise ainsi directement son nom
de scène dans les paroles «I am un chien andalousia», extraites de la
chanson Debaser des Pixies, qui ne sont pas sans rappeler le titre du
court-métrage de Luis Bunuel et Salvador Dali.
Autre adepte du blase
frenglish, le groupe We Are Enfant Terrible. Une composition savamment
orchestrée: «Enfantin avec le côté jeu vidéo, terrible pour le côté punk de
notre musique, le mélange de français et d’anglais qui représente bien notre
joyeux bordel organisé. [….] On aurait pu faire des grandes références du genre
Jean Cocteau, mais ca n’aurait été que mensonges et balivernes, on ne sait pas
lire!», ont expliqué la claviériste et chanteuse Clo et le batteur Cyril dans une
interview accordée au site Notulus.
Mais la palme de l’illogisme
revient au Corps Mince de Françoise aka LCMF, trio féminin originaire d’Helsinki
que forment Emma et Mia Kemppainen et Malin Nyqvist, qui démonte dans
une vidéo réalisée par l’équipe Le Cargo sa théorie onomastique:
«Malin avait un chat qui s’appelait Françoise, mais il était anorexique, il
est devenu de plus en plus petit et il est mort. On a gardé le nom de Françoise
pour le groupe et on a choisi Le Corps mince de Françoise pour dire "Repose en
paix!"».
Et l’une des trois Françoise
d’ajouter: « En fait, c’est drôle parce que c’est un prénom féminin en
France, non?». Bonne remarque mademoiselle! Il semblerait que les prénoms
ayant connu leurs heures de gloire en France disons, dans les années 1932,
bénéficient aujourd’hui d’un regain de popularité, comme en témoigne le
sobriquet choisi par les Helvètes de Solange la Frange en référence à la
grand-mère de la chanteuse Julie, et évidemment à leur coupe de cheveux —faisant
ainsi brillamment de l’ombre à La Roux.
La théorie de la
salutation
Ou de l’acclimatation
culturelle pour un meilleur accueil en tournée
On ne pouvait pas trouver
meilleure transition pour annoncer le projet à trois têtes d’Au Revoir Simone:
eh oui, encore un prénom d’antan! Mais ce qui nous intéresse ici reste
l’admirable capacité d’acculturation dont fait preuve le trio de synth-pop. Les
demoiselles natives de Brooklyn sont pour ainsi dire quasi-certaines d’attirer
la sympathie du public français à chacune de leurs escales en tournée
hexagonale, maîtrisant (au moins) une formule de politesse dans la langue de
Molière. D’ailleurs, elles jouaient à guichet fermé au Nouveau Casino l’été
dernier.
Mais comment expliquer un
patronyme pareil pour trois Américaines? En réalité, elle tireraient leur nom
d’un personnage secondaire du film Pee-Wee Big Adventure de Tim Burton.
D’accord, mais pour le «Au revoir», alors? Oui, parce que chez nous l’expression
c’est «En voiture Simone»! D’autres sont un rien plus chaleureux et nous saluent
avec entrain: c’est le cas de Bonjour Afrique, à ceci près que le duo ne fait
pas de world music et n’a, à notre connaissance, jamais joué en dehors de notre
sol.
La carte
d’identité
Sexe, profession et
situation familiale
Pourquoi faire compliqué
quand on put faire simple? Telle semble être la maxime d’une petite brochette
d’artistes: nul doute, La Femme appartient bel et bien au sexe féminin mais
s’entoure néanmoins d’une bonne dose de testostérone sur scène. La Fiancée est
quant à elle engagée depuis 2009 avec la folk music à la française, mais vient
pour l’heure d’enfanter un troisième EP baptisé Trois. Tandis que Les
Chanteuses, on ne pouvait pas faire plus limpide, elles chantent! Depuis peu
certes, sans doute Victoria Olloqui et Priscilla de Laforcade ont-elles besoin
de se réclamer de la profession… A vérifier après écoute de leur premier album,
au titre tout aussi évident: Dernier album.
Eva
Sauphie
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