كتبهابلال عبد الهادي ، في 17 آذار 2012 الساعة: 17:14 م
الفصل السادس من كتاب كرمين غالو
Dans Les Secrets d’innovation de Steve
Jobs : 7 principes pour penser autrement, paru aux éditions Pearson (1),
Carmine Gallo décrypte la pensée créative du vénéré patron d’Apple décédé cette
nuit.
L’Entreprise, publié le 29/07/2011, mis à
jour le 06/10/2011
La pomme dont Apple tire son nom est
littéralement tombée d’un arbre sous les yeux de Steve Jobs. Il y a vu le
symbole de ce que doit être un ordinateur : simple et accessible. Lorsque, à 21
ans, il fonda son partenariat avec Steve Wozniak, il cherchait encore les
lumières de la spiritualité à plus de 1 000 km du modeste domicile de ses
parents à Los Altos, en Californie. Même s’il avait abandonné ses études à
l’université de Reed, dans l’Oregon, il revenait régulièrement dans cet Etat
pour échanger des idées avec les membres d’une communauté influencée par
l’esprit zen. Il s’agissait de la All-One Farm, où on cultivait… la pomme. [...]
Il est probable qu’on y méditait beaucoup, peut-être à l’aide de quelques
"herbes". Après tout, c’était les années 1970 ! Quoi qu’il en soit, il est
certain que cette expérience, loin de la Silicon Valley où tout tournait autour
de la technologie, fut une étincelle de plus stimulant l’esprit créatif du jeune
Steve. Lors d’un de ses séjours à la ferme, il eut une idée apparemment anodine.
C’était une innovation avec un petit "i", mais les spécialistes de
l’identification des marques pourraient en prendre de la graine.
Pour fonder leur société, Jobs et Wozniak
avaient 1 000 dollars en poche, somme nécessaire pour construire des circuits
imprimés prêts à l’emploi. Woz avait vendu sa chère calculatrice HP 65 pour 500
dollars. Pour quelques centaines de dollars de plus, Jobs s’était séparé de sa
fourgonnette Volkswagen, à laquelle il tenait tout autant. Avec ce modeste
pécule, leur "boîte" était montée. Il restait à la baptiser. "Je ramenais Steve
de l’aéroport, se souvient Woz. Il rentrait de l’Oregon, où il disait avoir
séjourné au milieu des pommiers. En fait, c’était une sorte de communauté. C’est
alors qu’il a proposé un nom : Apple Computer. Nous avons cherché quelque chose
qui sonne plus technique, mais nous n’avons rien trouvé de satisfaisant. Apple
était tellement mieux que tout ce qui nous venait à l’esprit. Ce devait être
Apple et ce fut donc Apple."
Créer, c’est savoir relier les choses
entre elles
En quoi les innovateurs [comme Steve Jobs,
ndlr] sont-ils différents ? [...] Des chercheurs de Harvard ont mené pendant six
ans une enquête particulièrement approfondie sur ce sujet auprès de 3 000
dirigeants d’entreprise. Les conclusions de leur étude sont intéressantes, mais
ils auraient pu gagner beaucoup de temps en se contentant d’interroger Steve
Jobs. Selon ces spécialistes, la principale qualité des innovateurs est leur
capacité d’"association" : mieux que quiconque, ils établissent un lien
pertinent entre des idées, des questions ou des problèmes qui concernent des
domaines différents. "Plus notre expérience et notre savoir sont diversifiés,
plus notre cerveau est apte à créer des connexions. L’apport d’éléments nouveaux
suscite de nouvelles associations, dont certaines engendrent des idées
innovantes."
L’enquête de Harvard confirme ce que Jobs
disait à un journaliste quinze ans plus tôt : "Créer, c’est relier des choses
entre elles, c’est tout." Les chercheurs l’expriment ainsi : "Lorsqu’on demande
à un sujet créatif comment il a fait telle chose, il se sent un peu coupable
parce qu’il ne l’a pas vraiment faite. Il a juste perçu quelque chose, qui est
devenu évident ensuite. Cela s’explique par le fait qu’il est capable d’établir
un rapport entre différentes expériences et de les synthétiser en un résultat
nouveau. Et s’il y parvient, c’est soit parce qu’il a vécu davantage
d’expériences que d’autres personnes, soit parce qu’il y a réfléchi de manière
plus approfondie. [...]"
Bien sûr, nous ne saurons jamais si les
neurones et synapses de Jobs s’activent différemment de ceux d’un cerveau moyen.
Mais les scientifiques s’accordent sur un point : si les idées fusent autant
chez lui, c’est parce que "toute sa vie, il a exploré des choses nouvelles et
sans rapport les unes avec les autres : l’art de la calligraphie, les méthodes
de méditation dans un ashram en Inde, ou les remarquables finitions d’une
Mercedes-Benz".
Robots ménagers, cuiseurs à riz et
ordinateurs à aimants
Un robot ménager Cuisinart n’a pas
grand-chose à voir avec un micro-ordinateur, mis à part que c’est un appareil
destiné à faciliter le quotidien. Pour le reste, ces deux objets remplissent des
fonctions complètement différentes. Mais quelqu’un qui a le mode de pensée d’un
Steve Jobs trouve l’inspiration partout, même dans un grand
magasin.
Si vous observez des photographies de
l’Apple I et de l’Apple II, vous remarquerez que ces deux ordinateurs ne se
ressemblaient pas du tout. L’Apple I comprenait une carte mère totalement
assemblée, contenant une demi-douzaine de processeurs. Sa commercialisation
débuta en juillet 1976, soit trois mois après la naissance du partenariat entre
Jobs et Woz. Il était vendu en kit, principalement à des informaticiens amateurs
qui ajoutaient des composants à la carte mère pour en faire un ordinateur à part
entière. Ce produit aurait exaspéré le consommateur lambda, qui n’y aurait rien
compris. Lancé un an après, l’Apple II fit connaître la société et marqua le
début de l’incroyable parcours qui devait faire de Jobs une célébrité
internationale. Il allait devenir le micro-ordinateur le plus populaire de son
temps, car il était facile d’emploi avec son écran en couleurs, son clavier
intégré, ses huit connecteurs d’extension et son original boîtier en plastique.
L’histoire de ce boîtier est un exemple typique d’"association". En effet, Steve
Jobs en trouva l’idée en dehors du domaine informatique. Tandis que Woz
améliorait les circuits et la conception interne du futur Apple II, Jobs
centrait ses recherches sur l’extérieur de l’ordinateur. Selon lui, son boîtier
devait séduire les non-spécialistes, qui attendaient une machine prête à
l’emploi. Il pensait que sans cela le produit n’aurait pas auprès du grand
public assez d’attrait pour garantir son succès et celui de l’entreprise. Jobs
l’imaginait installé dans la maison, ou même dans la cuisine, où toute la
famille aurait plaisir à l’utiliser. Il trouvait que l’Apple II devait être
beaucoup plus accessible et plus pratique que les autres ordinateurs. Et il
fallait que cela se voie : l’Apple II devait ressembler davantage à un appareil
électroménager qu’à un de ces tas de ferraille confinés au garage des mordus
d’informatique.
"[...] Une idée me turlupinait : il lui
fallait un boîtier en plastique", raconte Jobs. L’apparence extérieure de
l’ordinateur avait bien été confiée à un designer industriel, Jerry Manock. Mais
celui-ci suivait les instructions de Steve Jobs. Et Jobs cherchait son
inspiration non pas dans les magasins d’électronique mais chez Macy’s, la grande
chaîne de magasins.
"Il la trouva au rayon cuisine, en
observant les robots Cuisinart, écrit Leander Kahney. Il y avait là ce qu’il
voulait donner à l’Apple II : un beau boîtier en plastique moulé, avec des
angles arrondis, des couleurs douces et une surface légèrement texturée." Le
boîtier en plastique moulé - une nouveauté en informatique - allait susciter
l’engouement du public. Et il assura la fortune de Jobs et de Woz. Woz avait
inventé l’Apple II, mais Jobs et sa créativité en avaient fait un appareil
plébiscité par le grand public. [...]
"Les bons artistes copient, les grands
artistes pillent." De tout ce qu’on cite de Steve Jobs, ces quelques mots sont
parmi les plus mal interprétés. Pour ses détracteurs, cette phrase confirme
qu’il est incapable d’idées originales. Mais elle est rarement reproduite en
entier. En fait, elle évoque sa recherche d’inspiration ailleurs que dans le
domaine informatique. Elle traduit ainsi son aptitude à relier des choses
apparemment sans rapport entre elles. En réalité, Steve Jobs a prononcé les
paroles suivantes : "Cela consiste à se mettre en contact avec ce que les êtres
humains ont fait de mieux, puis à tenter de l’intégrer à ce que vous faites.
Picasso a dit : "Les bons artistes copient, les grands artistes pillent. " Nous
n’avons jamais eu honte de voler de grandes idées. Si le Macintosh a si bien
réussi, c’est parce qu’il est l’oeuvre d’artistes, de zoologues et d’historiens
qui se sont révélés d’excellents informaticiens." Reproduite dans son
intégralité, cette citation démontre que Jobs parle moins du pillage que de
l’importance de la notion d’association, lui dont le processus créatif se
nourrit d’une diversité d’expériences.
Steve Jobs est si doué pour les
associations qu’Apple innove encore aujourd’hui dans tous les aspects de
l’informatique… y compris les cordons d’alimentation. Baptisé MagSafe,
l’adaptateur avec lequel on branche un portable Apple sur le secteur se termine
par un aimant, du côté de l’ordinateur. Nombre d’utilisateurs ont fait la
mauvaise expérience - ou l’appréhendent - de se prendre les pieds dans le fil et
de voir, impuissants, leur portable s’écraser au sol. En déconnectant facilement
l’ordinateur et son cordon, le MagSafe évite ce terrible scénario. Apple a
"volé" cette idée aux Japonais. Plus précisément, Apple a établi un lien entre
deux objets en apparence étrangers, le cuiseur à riz et
l’ordinateur.
Les cuiseurs à riz japonais sont équipés
depuis longtemps d’une fixation magnétique, simple dispositif qui évite qu’on
les renverse. [...] Lorsqu’en 2006, Apple dote ses MacBook d’un MagSafe, les
utilisateurs déposent sur les forums des messages enthousiastes. Selon leurs
témoignages, ce concept est l’un des plus pratiques et innovants depuis
longtemps.
D’autres le dénigrent, considérant que
l’idée n’a rien de nouveau et qu’il suffit d’aller au supermarché du coin pour
trouver des friteuses et des cuiseurs à riz équipés du même système. La
trouvaille n’est certes pas nouvelle. L’innovation est née d’une association
d’idées qui n’est venue à l’esprit d’aucun concurrent d’Apple.
En quoi Steve Jobs "voit" les choses
différemment
Typique iconoclaste, Steve Jobs mène une
guerre sans merci contre les idées conventionnelles. Or, selon un spécialiste
réputé des neurosciences, Gregory Berns, les iconoclastes et en particulier ceux
qui réussissent sont "enclins aux expériences inédites". Dans son livre intitulé
Iconoclast : A Neuroscientist Reveals How to Think Differently, trois phrases
semblent décrire Jobs en personne : "Pour voir les choses différemment, la
solution la plus efficace consiste à bombarder son cerveau de choses qu’il n’a
encore jamais rencontrées. La nouveauté libère le processus perceptif de ces
entraves que sont les expériences passées. Elle oblige le cerveau à former de
nouveaux jugements."
Pour ce chercheur, on peut acquérir les
qualités de l’iconoclaste si on comprend comment celui-ci, en stimulant son
cerveau, établit de nouvelles connexions. Steve Jobs ne voit pas les choses de
manière différente de nous. Il les perçoit différemment. En effet, il faut
distinguer la simple vue de la perception, qui elle-même distingue l’innovateur
de l’imitateur. La vue n’est que le processus par lequel les photons de lumière
atteignent les cellules photoréceptives de la rétine puis se transmettent, sous
forme d’impulsions nerveuses, aux différentes parties du cerveau. Comme le
souligne Gregory Berns, "la perception est le processus, bien plus complexe, par
lequel le cerveau interprète ces signaux". Des dizaines de personnes avaient vu
l’interface graphique de Xerox, au PARC de Palo Alto. Mais Jobs l’a perçue de
manière différente. Ce fut une révélation, un puissant éclair de créativité. Les
révélations surviennent rarement dans un cadre familier, précise Gregory Berns.
Cela s’illustre notamment dans l’anecdote de la plantation de pommiers. Le
cerveau de Steve Jobs y a établi un lien entre deux mots que tout semble séparer
: "pomme" et "ordinateur". Cette révélation se produit à des centaines de
kilomètres de son lieu de "travail" habituel - en l’occurrence, le garage de ses
parents !
Des sceptiques ont trouvé que, pour être
prise au sérieux, l’entreprise aurait dû adopter un nom à consonance plus
technique, plus officielle. De toute évidence, ils n’avaient pas la même
perception des choses que Steve Jobs.
Sa démarche avait pour but d’adoucir
l’image de l’ordinateur, de le rendre plus attrayant pour l’utilisateur lambda.
Qu’y a-t-il de plus simple et de plus
accessible qu’une pomme ?
"Pour faire avancer la perception d’un
grand pas, il ne suffit pas d’observer un objet et d’y réfléchir davantage que
les autres, écrit Berns. Les grands progrès de la perception surviennent
lorsqu’un système perceptif rencontre quelque chose qu’il ne sait pas
interpréter. Ce manque de familiarité contraint le cerveau à rejeter ses
catégories perceptives habituelles, pour en créer de nouvelles."
Pour "penser différemment", il faut
percevoir les choses différemment, avec les yeux d’un pionnier. Gregory Berns et
les autres scientifiques qui étudient l’innovation, la créativité et le
comportement cérébral considèrent que pour cela il faut "bombarder le cerveau de
nouvelles expériences".
Lorsque, à l’université, Steve Jobs
apprend la calligraphie, cette discipline nouvelle stimule son esprit créatif.
De même, méditer au milieu des pommiers est pour lui une expérience inédite,
source d’inspiration. Et lorsqu’il visite l’Inde des années 1970, il découvre un
monde radicalement différent de sa vie de Californien moyen. En s’entourant par
la suite de musiciens, de peintres, de poètes et d’historiens, il se mettra en
situation de vivre encore d’autres expériences, et de considérer des problèmes
sous des angles nouveaux. Certaines de ses idées les plus novatrices résultent
directement de cette quête de nouvelles expériences, dans des endroits jusque-là
inconnus de lui ou au contact d’autres personnes.
La Volkswagen sans
manivelle
Un foisonnement d’idées nouvelles
s’obtient aussi en abordant une question selon une perspective inhabituelle.
Pour lancer le processus créatif et considérer les problèmes des clients de
manière différente, Steve Jobs aime à recourir aux analogies. [...] Comme dans
l’exemple de la Volkswagen sans manivelle.
Pendant l’été 1981, IBM lance son premier
micro-ordinateur. En novembre de la même année, Jobs peaufine le projet qui
aboutira au Macintosh. Et ce qui est particulièrement important pour son équipe,
son business plan indique en quoi le Macintosh se distinguera des produits
concurrents, ceux d’IBM par exemple. Rédigé par Steve Jobs en personne, ce
document est rarement cité dans les publications destinées au grand public.
Pourtant, il offre un aperçu remarquable sur le fonctionnement d’un des esprits
les plus créatifs de notre temps : "Depuis 1979, Apple a investi des millions de
dollars et des milliers d’heures de travail pour développer une interface
complète, qui éliminera la manivelle de l’ordinateur… Le Macintosh repose sur un
principe très simple : pour qu’un micro-ordinateur personnel devienne un
véritable produit de masse, il doit être fonctionnel, bon marché, facile et très
agréable à utiliser. Dans l’évolution de l’ordinateur personnel, le Macintosh
représente une avancée considérable. Cette Volkswagen sans manivelle, Apple la
rend accessible à ceux pour qui la qualité n’est pas un vain mot."
Le "téléphone" du secteur
informatique
Steve Jobs trouve une autre analogie, tout
aussi pertinente, dans les travaux d’un autre brillant innovateur : Alexander
Graham Bell, l’inventeur du téléphone. "Nous voulons faire un appareil qui soit
comme le premier téléphone. Nous voulons fabriquer des produits de masse,
dit-il. C’est ça, le Macintosh. Le premier téléphone du secteur informatique."
En 1844, avant la naissance du téléphone, certains prédisaient qu’il y aurait un
jour un appareil télégraphique sur chaque bureau américain. Selon Jobs, cela
n’aurait jamais fonctionné, car la plupart des gens n’auraient jamais appris à
s’en servir. Ils auraient pu apprendre, mais peu d’entre eux l’auraient voulu :
les séries de tirets et de points dont se compose le morse les auraient
découragés. Percevant une analogie entre l’invention de Bell et le Macintosh,
Jobs met ses collaborateurs au défi de créer le "premier téléphone du secteur
informatique", assez facile d’emploi pour être accessible à l’utilisateur moyen.
L’analogie avec le téléphone inspire également à Jobs l’aspect du futur
ordinateur. Comme l’écrit Jeffrey Young : "Il réfléchissait, il méditait sur
l’appareil. Tout en examinant les diverses possibilités qui s’offraient à lui,
il passait des heures à contempler des téléphones, sur des bureaux ou dans des
appartements. Plus il les contemplait et plus une chose le frappait : souvent,
ces téléphones étaient posés sur un annuaire. Il lui sembla qu’un ordinateur ne
devait pas occuper plus de place sur un bureau." Young relate la suite des
événements. Jobs arriva en réunion avec un annuaire téléphonique sous le bras.
Le jetant sur la table, il décréta que le Macintosh ne devait pas occuper une
surface plus grande. Autrement dit, le futur ordinateur devait être trois fois
plus petit que tous les autres produits alors sur le marché. Trois fois plus
petit. Son équipe de designers n’en revenait pas. Certains ne mâchèrent pas
leurs mots pour exprimer leur scepticisme. [...] L’équipe eut donc l’idée de
construire l’ordinateur non pas à l’horizontale, mais à la verticale.
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